4. Les loutres

Les loutres, je les aime comme une enfant qui aime : sans retenue, compulsivement, tous les jours, avec excès. Généralement, je ne préfère rien, parce que c'est un exercice que je trouve difficile et quelquefois inutile. Néanmoins, je ne peux mentir. Je sais que c'est différent, ici. Je les aime plus que j'aime quelque autre chose. Je sens que je préfère les loutres. Elles, et Zelda aussi - mais ça viendra plus tard.

Disons un enfant qui aime un super-héros. Il en écoute tous les films, il en a le plus d'exemplaires possible, il est toujours enthousiasmé de le voir, de jouer avec lui. Il ne sait peut-être pas encore lire parfaitement, mais il feuillette avidement les bandes dessinées qui le mettent en vedette.

Mon amour des loutres est de cet ordre-là. Je vais préférablement aux zoos où elles sont présentes, j'ai une peluche à leur effigie, je me rends quotidiennement sur The Daily Otter et je m'émerveille chaque fois. Les titres des images me font rire, et regardez aujourd'hui, c'est une loutre qui a beaucoup de plaisir à se rouler dans la neige, iiiiih !!!1!1! Je les aime, et s'il pouvait y avoir un degré dans l'amour, je dirais infiniment. Je suis presque aussi freak que cette fille-là, qui voudrait, rappelons-le, câliner tous les chats de tous les univers. 

Ça a commencé par un test nous permettant de déterminer l'animal en nous. Faites-le, si vous en avez envie. Il est divertissant, et les interprétations faites de chaque animal sont intéressantes. C'est franchement drôle, et nous pouvons aussi réfléchir à quels animaux seraient nos amis - ce à quoi j'échoue toujours misérablement, d'ailleurs. En fait, je crois que c'est d'abord Sara qui a proposé cet animal totem pour moi, et que ce test l'a « confirmé ». Dans tous les cas, il y a eu ce test et Sara, et depuis, je suis une loutre et j'aime mes semblables.

Les loutres sont spéciales, car elles ont l'esprit ludique, même à l'âge adulte. Elles passent une bonne partie de leurs journées à glisser sur leur ventre ou à jongler avec des roches. Elles sont créatives et sensibles, s'accrochent aux algues pour ne pas dériver et tiennent la patte de leur compagnon alors qu'elles sommeillent.

Elles sont souples et gracieuses, mais elles font partie de la famille des mustélidés, ce qui signifie, en langage courant, qu'elles sont des animaux pouvant sentir mauvais, comme les putois. Elles possèdent en effet des glandes à un endroit très « stratégique » leur permettant d'éloigner leurs assaillants. Je ne dis pas que c'est une technique que j'adopte, toutefois, bien que je trouve ça pratique.

J'aime les loutres parce qu'elles aiment jouer et qu'elles paraissent zen. Elles sont volontiers grégaires, aiment la compagnie de leurs semblables et présentent une tête coquine. Particulièrement, je trouve leurs oreilles toutes menues et leurs très longues moustaches mignonnes à souhait. Elles ont un drôle d'air lorsqu'elles courent, avec leurs petites pattes et leur corps allongé. 

Elles sont jolies, mais ne n'en soucient guère. Elles me divertissent toujours et me réconfortent. J'ai appris que les loutres sont paresseuses, également, et qu'elles vont préférer chasser les poissons malades, même si elles sont très habiles pour nager. Elles ont mieux à faire, j'imagine. Ça me semble sage et inspirant. C'est le genre de vie que j'aimerais mener, je pense bien.

I. À côté

J'aimerais parfois qu'on me donne des réponses aux questions que je ne me pose pas encore, n'importe lesquelles  -- aucune différence, car je ne saurais même pas distinguer le vrai du faux, ce qui compte, ce qui définit précisément et avec acuité de ce qui tombe à côté, de ce qui ne signifie pas.

Je ne saurais pas comment faire, je vous le jure.

Vous pouvez me dire ce que vous voulez de moi :  je prends tout, ne fais pas de distinction; chaque fois cela fait du sens, rien ne fait de sens; je suis toutes les prévisions astrologiques, je ne suis rien de ça.

Je prends tout, je gobe vos hypothèses, ne laisse rien au hasard, boulimique des idées. Je est un laboratoire.

Cette peur continuelle de manquer quelque chose, de manquer de quelque chose, elle m'étreint depuis l'enfance ; je ne me souviens pas d'avoir été tranquille, je suis naturellement inquiète, les circonstances tourneront mal, je deviendrai aigre, etc.

Je n'ai pas souvent l'esprit dissimulateur. Je préfère dire les choses et courir le risque de vous ennuyer, de ne pas vous plaire, de ne pas être spéciale. De toute façon, je suis ailleurs, comme dans jamais là, en fuite, dispersée ; pas comme dans où c'est mieux qu'ici.

Les pensées ne sont pas pesées, elles passent; je ne les arrête pas, ne les considère que le temps qu'il faut pour les écrire ici. Bientôt, ne feront plus de sens, sonneront faux. Je me demanderai qui a bien pu les écrire,  les effacerai, recommencerai -- toujours à reprendre du début, j'en viens à me demander si je me suis déjà commencée en me disant c'est pour de bon -- qui suis-je ? qui dit ce genre de choses ? quelles pièces pourra-t-on récupérer ?

3. Les vampires

Ma fascination pour les vampires s'est certainement dessinée pendant mon adolescence. À l'époque, VRAK.TV diffusait en français les épisodes de Buffy the Vampire Slayer et, comme n'importe quelle fille de l'époque, j'avais un faible indéniable pour Spike, alias Captain Peroxide, interprété par James Marsters.

Je me souviens aussi qu'à l'époque, je trouvais Angel (David Boreanaz) très manly. L'été dernier, j'ai réécouté la série au complet - de façon pas du tout obsessive -, en anglais, et Angel m'apparaissait soudainement si jeune et tellement moins stimulant. N'empêche que les vampires sont appealing. C'est certainement la première chose que j'aime tant chez eux, et à l'adolescence comme à l'heure actuelle, ça ne se dément pas. J'assume  par ailleurs très bien ce côté silly de ma personnalité.

Si je n'ai pas été particulièrement attirée par Twilight, le moins que l'on puisse dire est que je suis l'une des jeunes femmes les plus enthousiastes du fandom des Vampire Diaries. Difficile de ne pas l'être lorsque nous faisons la connaissance de Damon Salvatore et de Elijah Mikaelson (interprétés respectivement par les tout autant délicieux Ian Somerhalder et Daniel Gillies). Mentionnons également l'entrée en scène spectaculaire de Bill Compton dans le premier épisode de True Blood ou cette scène. YUMMY.



Depuis le Dracula de Stoker, le vampire a été de plus en plus présenté comme une créature charismatique et raffinée. Pourquoi les trouve-t-on si attirants ? Bien sûr, ils ont été surexposés, et ce fait influence notre jugement, mais cela ne semble pas nous convaincre tout à fait.

Tout de suite, je pense à leur « aura » mystérieuse et inquiétante. Ils sont affreusement et étrangement séduisants, sombres et ténébreux.  Flirter, coucher avec un vampire est aussi vécu comme un interdit, comme une perversité. De là l'origine et l'entretien du désir, je crois. De plus, ils goûtent le sang de leurs victimes aux endroits les plus intimes, ce qui rappelle les réflexes de l'acte sexuel : cou, poignets, cuisses.


Ensuite, leur situation paradoxale nous amènent à réfléchir. Ils incarnent, sous plusieurs aspects, une chose et son contraire et rendent floue la frontière séparant l'une et l'autre, ce qui ajoute à leur mythe et les rend encore plus fascinants. D'abord, ce sont des morts-vivants qui laissent place à la part de bestialité en l'homme. Ils peuvent vivre éternellement, mais dépendent quotidiennement du sang. Leurs cravings en font des meurtriers  - ou du moins des prédateurs - sans pitié, foncièrement égoïstes, veillant avant tout à leur satisfaction personnelle, mais l'intensité de leurs émotions les conduit presque inévitablement à la passion amoureuse. Ils y sont prédestinés, on dirait. D'ailleurs, le mélange de cette intensité émotionnelle et de leur goût irrépressible pour le sang les rend très intéressants, les prédisposant aux dilemmes existentiels. Les vampires savent être profonds, s'ils sont enclins à ne pas être que des serial killers. Cela leur sied mieux, de toute façon, entretient leur mystère et contribue à les complexifier. Dans le cas où ils s'abandonnent à leur part animale, bien que moins complexes, ils demeurent intrigants pour cette part de monstruosité sans limite. Leur « nature » remet en question les principes du Bien et du Mal.

J'aime donc les vampires parce que ce sont des créatures surnaturelles mythiques, ayant une longue histoire derrière eux, construite à partir de légendes variées. J'aime aussi le fait qu'ils soient généralement présentés comme des individus complexes, pleinement conscients du tragique de leur situation. Souvent mélancoliques, ils sont capables de passion et d'abandon, et la puissance de leurs penchants - bons comme mauvais - rend envieux. Je les trouve fascinants pour ces raisons, et parce qu'évidemment, ils sont ô combien sexy !

2. Les cupcakes

Les cupcakes sont d'essence féminine. Ils sont aussi juvéniles, se donnent pleinement, insouciants, un peu naïvement. Ils n'attendent rien en retour. Tout de suite, je dirais que j'aime leur générosité et leur manque de sérieux. 

Les cupcakes sont ludiques. Ils peuvent prendre toute sorte de formes, peuvent s'adapter à des occasions très variées. Ils sont toujours les bienvenus, agissent comme des baumes, nous redonnent un élan de jeunesse. 

Ils sont très souvent excessifs (glaçage volumineux, décorations arc-en-ciel, couleurs vives), mais néanmoins splendides. Pour ces raisons, ils me font penser aux drag queens : spectaculaires, superbes dans leur exagération. Ils savent être surprenants et n'y vont pas avec le dos de la cuiller. Ils peuvent sembler artificiels, mais paradoxalement, là est leur nature. Certains tentent d'être romantiques, se présentent tout lissés, fleuris, robes-d'été-et-maquillage-frais, mais on sent qu'il ne s'agit pas là de leur véritable visage. Ils sont bien plutôt faits pour les débordements et les couleurs sincères. Ils craignent les pastels. Pour les aimer, je pense qu'il faut s'abandonner à leur décadence.

Autre chose que j'adore : ils sont cheap. Ils s'improvisent à la dernière minute, si nous avons sous la main les quelques ingrédients (assez peu dispendieux) qui permettent de construire absolument tous les gâteaux de l'univers : oeufs, farine, poudre à pâte, vanille, beurre, sucre (sucre, sucre !), sel et lait. Le glaçage se constitue en deux-trois minutes, et quelques gouttes de notre colorant préféré nous permettent d'obtenir un résultat absolument festif et ravissant. Ils se cuisinent bien en fin de soirée, quand on a une rage de sucré et peuvent, comme les macarons, se décliner en une multitude de possibilités.

Quiconque en a déjà cuisiné sait le plaisir qu'on a à les décorer. Si j'avais des enfants, nul doute que ce serait une activité que je partagerais avec eux. La composition des cupcakes est, en ce qui me concerne, la partie du plaisir que je préfère. Ensuite, j'aime bien les offrir aux gens que j'apprécie.  Les cupcakes sont chaleureux. Ils disent « Je t'aime » candidement, et nous contentent sans plus de mots.

1. Les macarons

Pour commencer, l'on dit qu'une image vaut mille mots :

En effet, j'ai l'impression que tout a déjà été dit, mais pour le plaisir, creusons un peu.

Le macaron est une expérience esthétique qui se déroule en plusieurs étapes. 

Nous nous rendons d'abord chez le pâtissier et nous en apercevons, remplis soudainement d'enthousiasme, dans le présentoir.

Leurs couleurs ravissent notre oeil et nous font longuement hésiter. Ils ont tous l'air délicieux et nous donnent parfois envie d'être aventureux. Pétale de rose ? Réglisse ? Mangue & Jasmin ? 

S'il s'agit d'une mauvaise journée et que nous préférons être conservateurs par peur d'être déçus, nous pouvons tout aussi bien y aller d'un classique délicieux au chocolat ou à la framboise. Ce sont des valeurs sûres, qui mettront sans aucun doute un peu de légèreté dans notre pas.

Sous le regard amusé - et un peu impatient - de la jeune femme qui nous sert, nous parvenons ensuite à choisir. En repartant avec, sous le bras, une boite contenant une douzaine de ces merveilles, nous sourions, comme si nous venions de nous offrir un chef-d'oeuvre inégalable. Les macarons rendent heureux. Ils sont un peu comme les Legos ou les crayons de couleur pour les enfants.

En route, nous ne pouvons évidemment pas réprimer l'envie d'en goûter un. Délicatement, nous le retirons de la boite et nous tentons de ne pas briser sa coquille lisse. Le biscuit est comme un bonbon, la ganache est parfaitement crémeuse. Le tout se mélange admirablement. Si, par hasard, nous croisons quelque ami, nous n'hésitons pas à lui en offrir un et nous le regardons partir, désormais joyeux. Parfois, il arrive que nous soyons déçus. Ce n'est jamais grave, car d'autres, différents, restent toujours à apprécier.

J'aime les macarons parce qu'ils permettent aux pâtissiers d'être créatifs et de mélanger d'une façon tout intéressante des saveurs inespérées. Ce sont de petites oeuvres d'art, par ailleurs, qui demandent à quiconque en cuisinant un dévouement et une attention certains. Pour savourer ce moment, nous devons nous laisser du temps, être patients, car les macarons ne se conçoivent pas à toute allure. En ce sens, ils ressemblent un peu à la crème brûlée, que j'aime grandement aussi. 

Voilà, en quelques mots, pourquoi j'aime les macarons - excepté ceux à la lavande, car je trouve ça étrange de goûter ce que sentent les bulles dans mon bain.

Le pourquoi de nos affections

Plus tôt, j'ai écrit que j'aime particulièrement demander aux gens de m'expliquer le pourquoi de leurs affections. Surtout celles en apparence banales.

Plus que leurs mots seuls, je découvre leur visage qui s'illumine, leurs expressions exhibées. Cette spontanéité m'émeut, et comme la joie qui rend joyeux par un procédé mimétique, leur franchise me rend plus ouverte et me donne envie d'aimer avec la même intensité.

Je réfléchis beaucoup à ce que j'aime (& à ce que je n'aime pas - je pourrais écrire longtemps sur de The Police, notamment). C'est un geste naturel, presque un automatisme. Je prendrai donc chaque élément de la liste ci-bas et j'expliquerai dans un billet à son sujet les raisons de mon affection.

Le ciel est clair, et on se réveille (assez) joyeux.

Je ne sais pas ce que j'attends, mais j'ai toujours l'impression de ne pas appartenir. Au centre de la pièce se tient ce qui se passe, et irrémédiablement, je frôle les murs et je m'assois en retrait. Je suis toujours là, mais je n'y suis pas tout à fait non plus. Les choses arrivent, surgissent et je ne les vis qu'à moitié, à distance. Ensuite, je regrette la plupart du temps. C'est mon occupation.

Je sais ce que j'aime et je crois qu'il s'agit en quelque sorte de moi. Ce n'est pas que ça, non, mais c'est déjà ça, comme on dit. Pourtant, ce n'est jamais assez. Je n'ai pas de réponse définitive. Ça me trouble, me rend anxieuse.

Depuis plusieurs jours, les matins sont fortement lumineux, et je suis chaque fois heureuse d'ouvrir les yeux. Je me lève alors sans trop de questions et je m'active parce qu'il le faut. Et ce que je fais produit un certain  sens pour un moment. Quoique fondamentalement je crois avec sincérité qu'il s'agit d'un leurre, je me fourvoie volontiers.

Comment font les autres ?

De mon affection pour certaines choses.

J'aime déraisonnablement des objets - entendre conceptuels & concrets. Je ne pense pas que l'on puisse aimer raisonnablement, si j'y songe.

Aujourd'hui est une bonne journée pour réfléchir, parce que je vais bien. Je ne crois pas être une catastrophe, je pense assez clairement.

Je tiens à noter ces choses que j'aime infiniment ici afin de m'en rappeler lorsque reviendra l'un de ces jours beaucoup moins heureux où j'ai l'impression de ne rien aimer et de ne rien faire de ma vie.

Personne que je serai, j'espère que ça t'aidera à te lever et à faire quelque chose. Ces trucs-là te font du bien. Tout le temps. Et c'est toi, aussi, pour ainsi dire.

Au hasard :

Les macarons. Tous, excepté ceux à la lavande.

Les cupcakes.

Les vampires.

Les loutres & les chats.

Les sushis.

Les bandes dessinées.

Les histoires d'amour épiques avec un million d'éléments dramatiques.

Zelda. La Triforce. Le disque du 25e anniversaire.

Tous les fromages de tous les univers.

Les gin tonic. Les mojitos. Mes amours.

Cet Impromptu de Schubert.

Le passage allegro non molto de l'hiver selon Vivaldi.

La Campanella de Paganini, adaptée par Liszt, par Evgeny Kissin.

Cette Polonaise de Chopin, par Horowitz, qui essuie son nez avec émoi à la fin, et cette Nocturne, interprétée par un si jeune - et néanmoins incroyable - Yundi Li.

Cette chanson de Florence + The Machine, et celle-là aussi.

Angus and Julia Stone. Toujours les mêmes en boucle : Walk It Off, And The Boys; Black Crow; I'm Not Yours; Big Jet Plane; Hush.

Parler des choses que j'aime.

Demander aux personnes pourquoi elles aiment ce qu'elles aiment.

Poser des questions, en général.

L'improvisation.

Les westerns.

Indiana Jones.

Le Voyage de Chihiro.

Les films noirs.

Sherlock Holmes. William Darcy. Spike.

Zooey Deschanel.

Nick et Jess.

Mary and Max.

Edgar Poe. Emil Cioran. Georges Perros. Flaubert. Boris Vian. Camus. Kierkegaard.

L'astrophysique.

Les robes.

Les ballerines - les souliers, mais les danseuses aussi.

Le chaï latté.

Dessiner; peindre.

Le café moka (très) improvisé.

Le théâtre.

Les Trois gars su'l sofa.

Me coiffer, me maquiller.

Les plantes - même si je vous maltraite.

Les couleurs.

Le printemps.

Cette citation de John Locke : « Don't tell me what I can't do. »

Celle-ci d'Einstein : « Tout le monde est un génie, mais si on juge un poisson sur sa capacité à grimper aux arbres, il pensera toute sa vie qu'il est stupide. »

Les jeux de société.